Après Gaga l’an dernier, voilà que Ke$ha sort sa propre réédition. Telle une Lady Gaga ayant gagné le gros lot en associant « The Fame Monster » à « The Fame », Ke$ha tente de faire pareil en associant à son Animal (lire la critique ici) son EP de neuf titres, Cannibal. Et ce qu’on peut dire, même si ce « nouvel » album n’est pas d’aussi bonne qualité que celui de Gaga, c’est que la chanteuse trash n’a pas fait les choses à moitié !
À l’image de We R Who We R, chanson qui est ce qu’a été Tik Tok durant une bonne partie de l’année 2010 (soit le nouvel hymne officiel des soirées et des clubs), l’EP Cannibal regorge de tubes en puissance, tous prêts à atteindre le haut des charts du monde entier sans exception. Évidemment, il serait vraiment hypocrite de notre part d’affirmer que Ke$ha joue à fond la carte de l’originalité ici. Plutôt que d’innover, l’interprète et son équipe de producteurs ont préféré reprendre les ingrédients qui ont fait le succès des titres Tik Tok, Your Love is my Drug et autres Blah Blah Blah : autotune, même mélodie (plus ou moins), même rythmique. Certains seront lassés, d’autres en redemanderont encore.
Car c’est un peu le danger de ce Cannibal en gros. Autant de la part d’une chanteuse telle que Ke$ha, on ne s’attendait pas non plus à une immense claque musicale, autant on aimerait qu’elle cesse de sortir quinze fois la même chanson. En attendant un éventuel renouvellement à l’avenir, la recette continue de fonctionner encore et encore… jusqu’à une lassitude progressive.
Le meilleur exemple pour illustrer cela est Cannibal (la chanson). Catchy et entrainant au début, Cannibal finit pourtant par nous agacer avec son refrain criard et gnangnan, et ses Ohhh! crispants. Heureusement, We R Who We R, Sleazy (un chic mélange de R’N’B et de sons orientaux) et Blow (le refrain robotique [« This place is about to blow ! Blow-ow-ow-ow ! »] est divin à souhait) nous sortent vite de notre torpeur, en relevant dignement le niveau. Il y a également le délirant Crazy Beautiful Life (sur lequel les filles se dandineront et remueront la tête, telles de jeunes lolitas encore à peine innocentes), ainsi que C U Next Tuesday (aux accents girly et légèrement pop bubble-gum, et c’est très plaisant pour ma part). Seule ombre au tableau (pour les up-tempos) : Grow a Pear, qui nous irrite à peine entamées les sonorités dignes d’un vieux jeu-vidéo Game Boy (personnellement, si je veux une chanson « pas prise de tête », j’opte directement pour Dinosaur).
Côté ballades, Ke$ha s’en sort plutôt bien. En même temps, il n’y en a que deux, donc cela ne lui a pas demandé trop d’efforts. Juste pour dire que The Harold Song ressemble un peu à Dancing with tears in my Eyes (LA ballade mélancolique de la chanteuse par excellence), sans pour autant lui arriver à la cheville. Néanmoins, elle surpasse largement Stephen, Hungover et Blind. Le Billboard Remix d’Animal, quant à lui, dévoile une facette de Ke$ha, jusque-là inconnue : pour la première fois, la chanteuse laisse son côté féminin prendre le dessus, et sa voix sur ce morceau est très agréable (et cela fait un bien fou à nos oreilles).
Pas besoin donc de disserter davantage pour dire que l’EP Cannibal fera un temps son bout de chemin, avant de finir au grenier pour toujours. N’est point Lady Gaga qui veut !