Il y a des artistes qui, malgré le fait d’enchaîner les flops à la pelle, continuent de persister. Par exemple, il y a Amerie et Kelis, deux artistes R’N’B aussi talentueuses qu’inconnues du grand public (même si elles ont sorti deux des plus gros hits des années 2000, à savoir « 1 Thing » et « Trick Me »). Et puis, il y a Enrique Iglesias. Mais si, celui qui nous a tous fait danser sur Bailamos, Rhythm Divine, Be With You ou encore Love To See You Cry. Que des tubes qui ont marqué nos jeunes années ! Mais depuis son album à succès Escape, Enrique ne vend plus. Faut dire aussi qu’il n’a rien sorti de vraiment intéressant depuis. Tout ce qu’on retiendra, c’est son duo avec Nâdiya (Laisse le destin l’emporter, qui a été un immense succès chez nous) et son dernier album espagnol en date, Quizas.
Mais voilà, Enrique n’a désormais plus envie d’être un has-been et en 2010, il a décidé de récidiver avec un énième album, Euphoria. Sans doute avec ce titre s’attendait-il à déclencher l’euphorie, comme au temps de ses années de gloire. Il faut cependant constater que c’est le cas, puisque le premier single, I Like It (en featuring avec Pitbull) s’est classé dans le Top 5 des titres ayant le plus de succès aux États-Unis. Ce qui, à ma connaissance, n’était pas arrivé depuis… ben depuis longtemps en fait. Le succès étant (très) surprenant, j’ai décidé de jeter une oreille à Euphoria, voir si l’opus en question était digne de son single porteur.
L’album s’ouvre avec I Like It justement. D’emblée, le titre s’avère être très efficace, grâce à une mélodie dancefloor puissante et accrocheuse. Maintenant que la chanson a fait ses marques outre-Atlantique, elle n’aura sûrement aucun mal à se frayer un chemin jusqu’au sommet du hit des clubs en Europe. Et pourquoi jusqu’au sommet du hit-parade tout court ? Et après cette bombe, on enchaîne un titre de tout ce qu’il y a de plus insipide. Et derrière ce « chef d’œuvre », il y a Akon. Oui, celui qui a une voix de canard, et qui chante mal donc. Ça n’a évidemment pas changé avec One Day at a Time. Déjà parce qu’il nous agace encore une fois avec sa signature au début du titre. Ensuite parce qu’il s’agit d’une ballade tout ce qu’il y a de plus cheap, une espèce d’affreux mélange de R’N’B et de reggae, avec un air de « Halo » de Beyoncé et de « The Climb » de Miley Cyrus. Pour rappel : la meilleure production d’Akon à ce jour (la seule, en fait) est « The Sweet Escape » de Gwen Stefani. Comme quoi…
On craignait que le cauchemar ne continue davantage. Pourtant, il y a l’excellent Heartbeat, où Nicole Scherzinger vient y poser sa voix. Pour info, il s’agit du nouveau single et à l’image de I Like It, il peut avoir un joli succès dans les charts. C’est sensuel, un peu électro sur les bords, et les notes de piano ajoutent une touche de romance à tout cela. Au contraire, Dirty Dancer avec Usher (c’est qu’il y en a des featurings sur cet album !) est sans intérêt. À oublier vite fait, si vous voulez mon avis. Et pour finir avec les titres anglais, on retiendra surtout la jolie ballade Why Not Me (parce que quand Enrique commence à chanter des slows, on finit par devenir toute chose) et l’énergique Everything’s Gonna Be Alright (vocodeur à outrance, mais un hit dancefloor de plus). Inutile de dire que Heartbreaker (sorte d’« Apologize » numéro deux) et Coming Home sont deux ballades chiantes à souhait et, donc, ennuyantes à mourir.
Pour ce qui est des chansons espagnoles, le petit Enrique s’en sort mieux (normal, vous me direz). À noter qu’Euphoria est le premier album du latino à réunir des titres anglais ET espagnols. Une première, donc ! Alors, de ce côté-là, quid des bombes et des daubes ?
Et bien en fait, mis à part l’horrible No Me Digas Que No avec le duo Wisin & Wandal (ça sonne comme Akon et vu qu’on déteste tout ce que fait ce dernier, nos oreilles en pâtiront forcément), le reste est bon dans l’ensemble. Il y a Ayer (un slow comme les midinettes aiment, mais le romantisme qui s’en dégage nous touche également), Cuando Me Enamoro (premier single pour les pays hispanophones, sympa à écouter, avec un petit d’air de lambada très agréable à l’oreille), Dile Que (mid-tempo R’N’B aux accents américains) et Tú y Yo (un peu plus dansant que le précédent titre). Tout ça pour dire que venant de la bouche d’Enrique, l’espagnol devient plus sensuel qu’il ne l’est déjà !
Bilan plutôt positif pour cette nouvelle galette du chanteur, pas si périmée que ça finalement. L’album rassemble un peu tous les styles, et permet ainsi à Enrique Iglesias de nous dévoiler toutes les facettes de sa personnalité très éclectique. Comme quoi, les bonnes surprises sont parfois celles que l’on n’attendait pas !