L’autre sortie CD estivale, après Britney Spears, est évidemment celle d’Encore Un Soir, le nouvel album francophone de Céline Dion. Un disque très attendu, pour plusieurs raisons : il est son premier depuis quatre ans, contient sa première collaboration en treize ans avec Jean-Jacques Goldman et, surtout, marque le début de sa carrière post-René Angélil. Et il a été introduit par le très fort Encore un soir, tout en permettant au titre Trois heures vingt d’avoir une seconde jeunesse.
Après avoir fait salle comble à l’AccorHotel Arena, voilà qu’on attend désormais s’en savoir plus sur les titres qui composeront le CD en question. Et comme pour Elles et Sans Attendre, nous sommes gâtés ! Jugez plutôt : Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel, Serge Lama, Florent Mothe, Grand Corps Malade, Zaho et Vianney, parmi les nombreuses collaborations. Bon, personnellement, après avoir écouté Encore un soir (la chanson), j’espérais retrouver Goldman derrière la composition intégrale de l’album (comme aux temps de S’il Suffisait D’aimer et de 1 Fille et 4 Types). Mais le travail de Céline avec d’autres artistes nous a aussi prouvés qu’il pouvait être de grande qualité. Je partais donc confiant quant à ce futur opus, qui risquait de marquer sa discographie à sa manière.
Après plusieurs écoutes, voici mon avis sur les chansons qui le constituent. J’ai volontairement mis les titres bonus à part, les douze titres de l’édition simple étant un tout pour moi, les trois autres venant « après ». Alors, allons-y !
- Plus qu’ailleurs: l’album commence très bien, avec cette ballade aux accents pop/folk, où les accords de guitare font du grain à nos oreilles ; en trois mots : un vrai régal ;
- L’étoile: on monte crescendo tout doucement, le calme avant la tempête en somme ; si le couplet emprunte de nouveau un style pop/folk, le refrain laisse exploser la joie de vivre de son interprète, tant la chanson a tout d’un tube ; je la verrais bien en deuxième single, d’ailleurs ;
- Ma faille: ce titre sur lequel Zaho a mis sa patte est tout simplement grandiose, dans le sens où on a le plaisir de retrouver la puissance mélodique et vocale de Céline, à la manière de Qui peut vivre sans amour ;
- Encore un soir: le premier single, qui mérite bien son classement au sommet des charts ; c’est vrai que, par ailleurs, ma première écoute a été un véritable choc, surtout après le mignon (mais faiblard) Parler à mon père ; déjà un grand classique dans son répertoire ;
- Je nous veux: voici un autre morceau qui va dans la lignée de la discographie francophone de Dion ; c’est à la fois old school et moderne, dans la lignée de ce qu’elle a pu nous proposer dans ses albums les plus récents ;
- Les yeux au ciel: pour moi, cette chanson a un côté très anglophone, voire gospel, dans l’âme (à la manière de Save You Soul de l’opus Loved Me Back To Life) ; en d’autres termes, il donne énormément de joie de vivre ; je trouve ainsi qu’il serait parfait pour l’exploitation de cette nouvelle ère ;
- Si c’était à refaire: la nostalgie ressort bien de cette ballade, qui s’avère être plus calme que les pistes précédentes ; ce qui nous permet de nous accorder une petite pause, entre deux chansons divaesques ;
- Ordinaire: j’avais été moyennement convaincu, lorsque j’avais entendu cette reprise lors de son concert à Paris ; or là, je suis bluffé par la qualité de son interprétation, sa voix nous procurant de fortes émotions ; tandis que les paroles collent bien à ce qu’elle est en ce moment ; c’est l’un de ses nouveaux chefs d’œuvre, tout simplement ;
- Tu sauras: deuxième morceau concocté par Zaho et son équipe, nouvelle réussite pour Céline ; en tout cas, la chanteuse de R’N’B a su s’adapter à l’univers de la diva québécoise, avec cet up-tempo dynamique et entêtant, qui fait la part belle à la voix de cette dernière ;
- Toutes ces choses: c’est l’un des titres que j’oublie facilement, à l’écoute d’Encore Un Soir ; c’est beau, certes, mais il en faut plus pour me séduire ;
- Le bonheur en face: même impression que précédemment, bien que ce soit un peu mieux ; la qualité est là, c’est l’essentiel, mais ce n’est pas la chanson dont je me souviendrai le plus, en repensant à cet opus ;
- À la plus haute branche: en 1998, Céline Dion nous proposait le magnifique Sur le même bâteau ; en 2016, elle nous propose le déchirant À la plus haute branche : soit l’une de ses plus belles ballades à ce jour, à mon sens ; il ne m’a fallu qu’une seule écoute pour en juger et je le dis : ce titre mérite de faire du bruit dans sa carrière.
En ce qui concernant les morceaux de l’édition Deluxe :
- À vous: je dois l’avouer, c’est le morceau de l’album qui m’a le plus dérouté, de par son style musical « électro » et (trop) moderne – j’avais même l’impression d’entendre un titre de Shy’m ! – ; pour ce troisième essai, Zaho me convainc bien moins, mais on va dire que ça s’écoute ; après, je me rappelle avoir eu des difficultés à apprécier l’album One Heart à sa juste valeur, donc à voir avec le temps pour ce À vous ;
- Ma force: voici la chanson que j’étais curieux de découvrir, étant écrite et composée par le chanteur Vianney ; au final, ce n’est pas celle que je retiendrai le plus, mais je suis agréablement surpris de voir qu’il a su, lui aussi, s’approprier l’empreinte de Céline, en lui offrant une œuvre musical à son image ; un grand bravo à lui, donc ;
- Trois heures vingt: il s’agit de la version remasterisée de ce morceau de 1984, ni plus, ni moins (ce que je regrette un peu, ayant été séduit par sa version live entendue récemment) ; mais qu’importe, car que ce soit à l’époque comme maintenant, il aura toujours de la saveur et de la fraîcheur, à mes yeux.
À tout prendre, je dirais qu’Encore Un Soir n’est pas le meilleur travail francophone de Céline Dion. Mais je pense qu’il ne faut pas commettre l’erreur de ne l’écouter qu’une seule fois et de le ranger au placard, à côté de ses collègues. Il faut assurément plusieurs écoutes pour adhérer à ce « nouvel » univers, les titres les plus remarquables côtoyant des chansons moins marquantes. Et si le genre est homogène et cohérent, l’écriture semble parfois faible. Du moins, je ne la trouve parfois pas à la hauteur des paroles du premier extrait. D’autre part, on sent ouvertement que c’est un album à la mémoire de René (surtout À la plus haute branche, je dirais). Ultimo, Encore un Soir est le genre de disque qu’on écoute à tête reposée, et non lorsqu’on est occupé à faire autre chose. Il inspire donc davantage la détente pour moi que le « dynamisme ».
Bref, une fois n’est pas coutume, cet opus fera son bout de chemin dans les charts et dans le cœur du public.