Depuis quelques semaines, un « nouveau » rappeur fait le buzz sur Internet. « Nouveau », car il avait déjà sorti un EP de sept titres en 2006, intitulé Get Into It. Trois ans plus tard, il sort Watch My Mouth, son premier vrai album, qui contient des inédits et des titres tirés de son opus précédent. Cette année, il a sorti Ice Cream Truck, son nouveau single dont le clip fait fureur sur la toile.
Pour parler vite fait d’Ice Cream Truck, il faut juste dire que le clip met en scène Cazwell et ses potes en train de lécher et sucer des glaces pendant deux minutes vingt. Pas besoin d’avoir fait une licence de psychologie pour comprendre les allusions sexuelles cachées. Vous savez de quoi je parle… Non ? Vraiment pas ? Bon, ben tant pis… Tout ça pour dire que Cazwell est un rappeur GAY, le premier du milieu en fait. Et comme on sait tous que le rap est avant tout un style de mecs machos (et homophobes)… Bref, le clip a fait son effet, et continuera sûrement de faire son effet durant les semaines à venir. Paraît juste qu’il faut prendre tout ça au second degré… Soit. Perso, ça me passe complètement au-dessus. Quant au titre en lui-même, c’est kitch, affreux, inaudible et m*rdique (et le xylophone, c’est démodé).
Parlons de l’album à présent (car c’est là le but de cette critique). C’est censé être du rap avant tout. N’étant pas adepte à ce style, je me suis néanmoins laissé tenté par la curiosité (un rappeur homo, ce n’est pas tous les jours qu’on voit ça !). Après une première écoute, on en conclut que ce n’est pas vraiment du rap, mais plus un mélange de rap et de pop. Pour info, il s’agit d’homo hop, soit un genre musical où le milieu gay côtoie le hip/hop. Encore une fois, je ne comprends pas trop ce que ça veut dire, mais puisqu’il s’agit d’homo hop, alors soit.
Dans l’ensemble, Watch My Mouth n’est pas trop trop mauvais. Bon, ce n’est pas non plus de la « grande musique » (comme diront certains), mais certains titres sont suffisamment accrocheurs pour qu’on écoute l’album jusqu’au bout. Les mélodies, pour la plupart, ne sont pas mal, mais quand Cazwell et sa bande gayfriendly se mettent à pousser la note, c’est de suite moins attrayant. En gros, c’est surtout Cazwell qui gâche l’ensemble, et pas les paroles, qui racontent la plupart du temps les fantasmes et envies sexuels de Monsieur (à défaut de dire qu’il a vu Beyoncé dans un fastfood). Dès qu’il se met à rapper, on a vraiment du mal à y croire. Pareil pour ses copains Lost Daze, Jonny Makeup, Amanda Lepore, Avenue D, The Ones et Risqué (la liste est longue, je l’avoue).
En ce qui concerne les titres, on retiendra surtout All Over Your Face (qui pourrait facilement devenir un hymne dans toutes les boîtes gays du monde, tant la chanson cible le public en question), I Seen Beyoncé… (ça rappelle l’excellent « Now That You Got It » de Gwen Stefani, mais c’est moins bien évidemment), Get Into It (s’il n’y avait pas eu la voix d’Amanda Lepore, ça serait sans aucun doute passer beaucoup mieux), I Buy My Socks on 14th Street (ça fait beaucoup penser au rap des années 80, et c’est excellent à écouter à force), Mission Possible (l’air rappelle l’ère « Off The Wall » de MJ, mais voilà, il y a The Ones, ce qui rend le titre mauvais dans son ensemble) et Limosine (l’ovni de l’album [pas dans le sens mélioratif du terme], à cause du refrain très électro/dance).
Pour résumer, Cazwell est surtout un gros guignol qui ne fera sûrement pas feu dans le milieu (musical, j’entends). Après, en tant que gigolo ou acteur porno, il a de l’avenir, c’est certain.