À l’époque où elle était au fond du gouffre (il n’y avait qu’à voir toutes les photos publiées chaque semaine dans Voici et autres débilités de ce genre), Britney Spears nous a livré ce qui est, sans doute, son œuvre la plus inspirée à ce jour. Et ce n’est pas forcément moi qui le dis, vu que même les critiques et les non-fans ont été emballés par ce Blackout, inattendu en période d’une crise d’adolescence bien tardive. Car avec ce cinquième album studio, Britney nous prouve que malgré ses conneries ultra-médiatisées, elle continue de cartonner sur la piste du dance floor et dans le domaine de la pop.
Si elle n’avait pas été dépressive à cette époque-là, soyez sûrs que son Blackout aurait vendu plus que deux millions de copies. Si elle n’avait pas foiré sa performance aux VMA 2007, elle n’aurait pas eu besoin de sortir le rose bonbon Circus (et son lot de titres presque tous aussi faibles les uns que les autres). Mais si elle n’avait épousé Kevin machin, elle n’aurait pas été enceinte de Jayden James, et n’aurait donc peut-être jamais enregistré le fameux tube qu’est Gimme More. Et elle n’aurait peut-être jamais décidé de s’investir à fond dans son « trou noir ». En gros, si elle ne s’était pas blessée lors du tournage du clip d’Outrageous, on n’en serait jamais arrivés là. Mais trêve de blablas, parlons du Blackout en question !
Il était déjà très difficile de faire mieux qu’In The Zone en termes de qualité. Et il sera désormais très difficile de faire mieux que Blackout (à moins d’une véritable prise de conscience chez Britney). Car Blackout, ce sont douze titres, douze bombes dance floor qu’on écoute une fois, et dont on ne peut plus se passer à l’avenir. Même ceux qu’on n’aime pas forcément, et qu’on n’arrivera d’ailleurs jamais à aimer. Je veux bien sûr parler de Toy Soldier et de Perfect Lover. Je n’ai jamais compris l’engouement général pour la première, et je trouve vraiment fade la seconde. Passés ces deux (minuscules) points noirs, le reste n’est que régal et plus de deux ans après sa sortie, cet album est toujours autant explosif.
Il y a évidemment le premier single, Gimme More, un titre plutôt sombre, à l’image de ce que Britney traversait et ressentait à l’époque. Un titre qui, dès la première écoute, rend accro n’importe quel auditeur lambda. Un titre qui est cependant loin, certes, du non-inspiré Womanizer. D’autres chansons retranscrivent cet état de déchéance sans fin, comme Get Naked (I Got a Plan) (« … I’m not ashamed of my beauty, you can see what I got… » <3) et Why Should I Be Sad (la seule « ballade » du disque, mais pas pour autant la plus mauvaise, comme beaucoup le prétendent).
Les autres chansons sont davantage « joyeuses », malgré le beat foncièrement brut (voire même bourrin) omniprésent dans chacune d’elles. En tête de liste, il y a Radar (bien plaisante ici que lorsqu’elle se retrouve en simple bonus track dans Circus, car faisant uniquement partie de cet univers dance floor sombre), Break the Ice (l’intro sonne années 80, la mélodie rappelle la production de Timbaland, mais le résultat final reste assez moyen), Freakshow (la voix est trafiquée à mort, mais que c’est bon d’entendre « Freakshow ! »), Heaven on Earth (le côté minoguien est très plaisant et va bien à Britney), Hot as Ice (beaucoup moins détestable que la démo, la voix faisant beaucoup moins penser à celle d’un canard [oui, oui !]), et Ooh Baby Baby (les sonorités latinos sont vraiment bien trouvées).
Quant à Piece of Me, elle est un peu un mélange de tout ce dont je viens de parler ci-dessus. À la fois légère pour son beat électro bourrin (mais tellement bon à l’écoute) et « sombre » pour le thème abordé (l’acharnement des paparazzis, entre autres), le titre est indissociable de la discographie de Britney, si bien qu’elle a fini par devenir culte, et ce avant même sa sortie dans le commerce.
En résumé, Blackout, c’est un peu le journal intime que Britney n’a jamais eu. C’est SON album (vu que c’est elle qui l’a produit), celui qui représente sa fierté personnelle. C’est aussi le symbole de sa tourmente, celui auquel elle voudra le moins penser. Et il est la preuve que Britney Spears est, quoiqu’on en dise, une icône à l’image de son idole Madonna, et une artiste désormais accomplie, malgré ses déboires personnels.