C’était sans doute le come-back le plus improbable, celui qu’on n’attendait pas. À vrai dire, depuis le gros flop de Psychédélices (album faiblard, soit dit en passant), on pensait Alizée finie pour de bon. Mais on avait aussi l’espoir qu’elle revienne nous chanter des titres coquins concoctés par sa marraine Migraine Mylène Farmer et son acolyte Laurant Boutonnat. Faut dire que c’était le bon vieux temps, lorsqu’elle interprétait innocemment Moi… Lolita (criant partout que ce n’était pas de sa faute si tous les garçons bavaient devant elle), ou encore Gourmandises (dans un clip tout aussi délicieux que la chanson, avec des lèvres et des yeux en gros plans, rien que pour le plaisir des regards un peu pervers). Aujourd’hui, celle pour qui le vent a cessé de souffler tente tant bien que mal de surfer sur la vague de son succès d’antan, mais L’alizé n’est plus désormais.
Mais l’annonce d’un son plus mature et donc d’un nouvel album annonçant du renouveau m’a incité à me repencher sur son cas. Les deux premiers titres leakés sur la toile, Limelight et Les Collines (Never Leave You), étaient déjà tous deux bons, si bien que ça me réconfortait quant à la probable réussite de ce retour. Mais c’était parler pour ne rien dire, tant Une Enfant du Siècle ne s’avère finalement pas être aussi exceptionnel qu’il devait l’être. Mais ça ne veut pas dire non plus qu’il n’est pas nul. Disons que ce n’est pas l’album du siècle, juste un CD parmi tant d’autres qu’on prendra plaisir à écouter, avant de passer à autre chose.
Passé l’affreux Eden Eden (jamais je n’ai entendu une chanson aussi ridicule, surtout niveau mélodie [à croire qu’elle a voulu faire sa Chantal Goya…]), l’album démarre avec l’entraînant Grand Central. Pax exceptionnel en lui-même, le titre se laisse surtout écouter grâce à ses clochettes en guise d’intro, et ses sonorités kitch et légèrement R’N’B.
Ensuite, il y a Limelight. Il s’agit du titre le plus long de l’album, puisqu’on a droit à une intro au violon (un peu trop longue pour ma part). Passé cette faiblesse, on a affaire à une bombe électro tout droit venue des années 80, avec un brin de sensualité dans l’air et la voix. Et ce même si Alizée chantant en anglais, ce n’est pas ce qu’elle fait de mieux (on se souvient du raté I’m Fed Up), et même si la chanson finit par être répétitive, faute à des paroles pas forcément très recherchées.
Vient après La Candida. Là, on sait que les langues étrangères et la petite Jacotey, ça fait désormais bien deux. On ne comprend pas trop ce qu’elle dit, mais peut-être que si sa voix était moins robotisée, ça serait mieux. Ce qui compte surtout (comme pour le reste de l’album d’ailleurs), c’est la mélodie, et ce mélange d’airs hispaniques et d’électro est tout simplement exquis. Sûrement une des meilleures chansons d’Une Enfant du Siècle.
Le lead single, Les Collines (Never Leave You), apparaît au bout de quelques écoutes bien fade, dans le sens où l’instrumental est faible, malgré les synthés. On retient surtout le refrain, très entêtant et encore une fois assez eighties.
14 Décembre est le premier titre qui rappelle, niveau paroles, ce qu’elle a pu faire durant l’époque Farmer/Boutonnat. Sympa à écouter durant les longues soirées d’hiver, mais ça s’arrête là.
À Cœur Fendre est le deuxième meilleur titre de l’album selon moi. Malgré des paroles qui n’ont ni queue ni tête, le refrain a cet espèce de truc qui vous met sur un petit nuage. Un single potentiel à sortir impérativement durant la saison estivale.
Factory Girl, à l’instar d’Eden Eden, est à oublier sitôt entendu. C’est fade, et sans intérêt en plus. Une faiblesse de trop pour ce nouvel opus, décidément très kitch.
Une Fille Difficile est l’autre titre qui fait penser à Mylène Farmer, et son univers électro gothique, niveau mélodie cette fois. Soit un mélange des chansons Sextonik (de l’album Point de Suture) et Consentement (de l’album Innamoramento). Comme quoi, Alizée a beau vouloir s’émanciper, en essayant de se forger coûte que coûte une identité musicale, sa marraine plane toujours au-dessus d’elle.
Et enfin, on arrive à LA perle, mon nouveau coup de cœur musical du moment. Ça s’appelle Mes Fantômes, c’est transcendant, une belle perle électro que la chanteuse nous offre là. Un titre qui est mille fois supérieur à tous ceux dont je viens de parler précédemment, en grande partie grâce à ses sonorités tout droit sorties d’un jeu vidéo.
Tout ça pour dire que malgré ses tentatives pour nous faire croire qu’Une Enfant du Siècle n’a rien du chef-d’œuvre annoncé. À la limite, Alizée peut toujours compter sur l’effet buzz pour vendre, mais quand on sait que les buzz sont éphémères… En tout cas, un conseil : n’achetez pas cet album pour les textes, car ils ne valent franchement pas grand-chose. Contentez-vous surtout des mélodies, simplettes mais efficaces pour la plupart. Sinon, passez votre chemin.